Les peuples autochtones, pour qui la chasse, la pêche et la cueillette constituaient le quotidien d’autrefois, conservent un rapport à la nature empreint de respect et continuent d’utiliser les ressources de leurs territoires de façon raisonnée. Le développement durable, ils connaissent : ils appliquent d’ailleurs ce principe à l’industrie du tourisme dans le cadre de plusieurs initiatives.

Les conditions d’un tourisme durable

Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme durable permet d’exploiter les ressources environnementales de manière responsable et de préserver la biodiversité. Le respect de l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil ainsi que la conservation de leurs atouts culturels et de leurs valeurs traditionnelles constituent également l’essence du tourisme durable, dont l’activité économique est profitable localement.

Bien sûr, comme partout, le tourisme durable en milieu autochtone doit être culturellement pertinent. En plus de générer des revenus pour la communauté, les projets développés doivent faire participer activement ses membres et impliquer toutes les générations.

Eeyou Istchee, les ambitions durables d’une région

« Notre ambition est que la région Eeyou Istchee Baie-James devienne une destination durable certifiée par le Global Sustainable Tourism Council », explique Robin McGinley, directrice générale de l’Association crie des pourvoiries et du tourisme (COTA). Rejoindre ce club sélect de l’organisation internationale ne sera pas une tâche facile, mais la COTA compte bien y parvenir. Elle travaille d’arrache-pied depuis plus de dix ans sur le dossier du développement durable !

La COTA a produit un guide de technologies vertes et des meilleures pratiques ainsi que des vidéos de promotion. Des intervenants en tourisme ont été formés, afin d’aider les entreprises locales à les utiliser.

Un pas de plus vers un label international de destination durable !

Parmi les initiatives qui vont dans ce sens au Québec, le site culturel Kinawit, sur les berges du lac Lemoine, est un succès ! Pour sa part, le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or a acquis en 2012 un ancien camp scout sur territoire traditionnel anicinabe. Conçu d’abord comme un lieu de rassemblement pour des Autochtones souhaitant se reconnecter avec les savoirs traditionnels et la spiritualité, Kinawit propose aujourd’hui une « expérience touristique unique et authentique, issue des savoirs traditionnels et contemporains des Premiers Peuples ». Cette dernière vise aussi la découverte, la préservation et la valorisation culturelles. Sur place, on peut dormir dans un tipi ou un camp rustique, explorer les sentiers ou faire du canot mais, surtout, s’ouvrir à la culture algonquine en participant à des activités animées par des membres de la communauté. Des événements de culture traditionnelle sont par ailleurs organisés régulièrement pour la communauté.

Le « modèle » Essipit

La communauté Innue Essipit, sur la Côte-Nord, a développé un « modèle très intéressant » de tourisme autochtone durable, estime Caroline Desbiens, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Patrimoine et tourisme autochtones à l’Université Laval. « Elle a fait le choix d’un développement communautaire par le tourisme », dit-elle. Il implique les entreprises qui appartiennent depuis 35 ans à la communauté et privilégie un système coopératif communautaire et un profond respect des ressources naturelles.

Essipit a d’abord acheté une entreprise non autochtone de croisières aux baleines en zodiac, puis des campings, des chalets et des condos-hôtels en bord de mer, en y ajoutant six pourvoiries dans l’arrière-pays. L’offre récréotouristique permet donc d’engendrer les retombées économiques souhaitées pour la communauté, soit des emplois et des profits. L’intégration de la culture autochtone est venue peu à peu, en proposant des expériences axées sur la nature nécessitant les connaissances des membres de la communauté (guides pour la chasse, la pêche, les croisières, les randonnées – dont l’observation des ours –, etc.).

Le « cercle vertueux », selon Caroline Desbiens, part du contrôle du projet touristique par des Autochtones, qui vont ensuite créer des activités mettant en valeur le territoire et favoriser la réappropriation culturelle : le projet touristique devient un outil pédagogique autant pour les touristes que pour les guides et les jeunes Autochtones.

Ekuanitshit, pour le mode de vie innu

La Maison de la culture innue d’Ekuanitshit, à Mingan, également sur la Côte-Nord, est une autre belle initiative de tourisme autochtone dans une communauté bien engagée dans le développement durable. Le centre culturel a été conçu par et pour la communauté sur un ancien site de campement d’été face à l’archipel de Mingan. D’abord lieu de rassemblement et de partage de la culture et du mode de vie du peuple innu, l’établissement favorise les échanges interculturels et intergénérationnels, à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison, où un site traditionnel avec un shaputuan ainsi qu’un feu pour la cuisson de la bannique et du gibier sont installés.

Énergie solaire pour Le relais de la Cache

Notons aussi qu’un projet d’énergie solaire a été mis en place par Micmacs of Gesgapegiag : Le Relais de la Cache a diminué l’utilisation des énergies fossiles de 80 à 90 % grâce à l’implantation de panneaux solaires !

Globalement, la progression des initiatives autochtones durables est évidente, et cette avancée se fait également sentir partout dans l’industrie touristique. Le Ministère du Tourisme québécois vient d’ailleurs de proposer un plan d’action en ce sens. C’est la première fois qu’un plan gouvernemental en tourisme appuie de façon aussi claire la nécessité d’actions pour une approche responsable et durable qui se soucie plus que jamais de l’impact du tourisme sur les communautés locales, sur l’occupation respectueuse du territoire et sur les individus qui y vivent. Tourisme Autochtone Québec est fier d’avoir fait partie des réflexions et discussions préalables à ce plan d’action !